Ce dimanche 20 juillet 2014, avait lieu la 28ème édition d’une des plus fameuses courses de montagne de l’Hexagone : la Montée du Nid d’Aigle. Concoctée par l’office de tourisme de Saint-Gervais, l’épreuve relie le Parc Thermal du Fayet (580m) au Nid d’Aigle (2407m), soit 19,120km pour un différentiel ascendant de 1927m et descendant de 100m. Donnée importante, en raison de travaux situés juste après le chef-lieu saint-gervolain, le parcours était rallongé de 800m, engendrant une dénivelée supplémentaire de 134m positifs et de 50m négatifs, soit au total 19,920km pour un différentiel de 2061m en montée et de 150m en descente. La victoire est revenue au Varois de souche et Girondin d’adoption Sylvain Court, une des stars du Team Trail Adidas, licencié pareillement à Bouliac Sports Plaisirs, qui franchissait la ligne en 1h57’46. Il l’emportait cependant sur le fil, 7’’ le séparant de son dauphin en la personne du redoutable Laurent Vicente (Alès Cévennes Athlétisme), archétype du coureur de montagne. En vérité, le protégé de Philippe Propage accomplit une véritable prouesse au regard de sa laborieuse première partie de saison, jalonnée par sa capitulation à la Maxi-Race du Lac d’Annecy puis son break perdurant un mois avant de rechausser ses baskets il y a une trentaine de jours. Agé de 30 ans, le lauréat en titre du TTN, gratifié notamment de la médaille en chocolat aux France de trail puis aux Templiers, succède ainsi au Saint-Jeandin Jean-Christophe Dupont qui, l’an passé, en avait fini en 1h52’32.
Résistances
Un Jean-Christophe (Entente Athlétique de l’Arve) qui était pourtant bien décidé à s’offrir une sixième couronne après celles récoltées en 2004, 2005, 2007, 2008 et 2013. Du coup, il prenait le commandement dès les premiers pourcentages, flanqué du Chablaisien Adrien Michaud (Team Scott Odlo Led Lenser et Coureurs du Monde en Isère – photo ci contre).
Longtemps, il imprima le tempo avant de s’incliner au plus fort de la rampe devant l’inattendu Sylvain Court. A l’arrivée, l’ex-international de 43 ans avouait un retard dans sa préparation : « Je manque de rythme sur les longues distances suite à un entraînement bâclé à cause de tendons endoloris, ce qui explique mon abandon le 5 juillet dernier sur le Marathon de Zermatt. Par contre, ça devrait aller dimanche prochain sur la Montée des Pavés Taninges – Praz-de-Lys qui n’atteint que 12 bornes ! »
Surgi en 8ème position sous le chalet de l’Are, au km16, Vicente, 36 ans ce 25 juillet, accomplira le meilleur chrono dans les trois derniers km, à tel point qu’il reviendra à la hauteur de Court dans le mur final. Un vrai morceau d’anthologie ! Hélas, une erreur d’appréciation le privera d’un triomphe inespéré : « Je pensais que l’arrivée se jugeait au refuge du Nid d’Aigle, soit 40m plus haut ; en conséquence, je suis venu mourir à deux mètres du héros du jour », regretta-t-il après coup.
Fidèle pour la cinquième fois consécutive au Nid d’Aigle, Arnaud Bonin (Team Scott Odlo Led Lenser et Ambérieu Marathon), 29 ans, complétait quant à lui le podium, ne concédant que 23’’ sur Court et 16’’ sur Vicente. Il aurait même pu prétendre au sacre s’il n’avait été perclus de crampes dans la rampe terminale. Dommage vu son formidable potentiel qui devrait lui permettre de rallier, à plus ou moins court terme, l’élite de la course de montagne !
La revenante…
La joute féminine fut beaucoup moins indécise, Céline Lafaye, 32 ans, faisant cavalier seul avant de conclure en 2h18’47, soit sensiblement mieux que sa coéquipière Sylvie Claus à l’Entente Athlétique Grenoble 38, qui avait décroché la précédente cuvée en 2h29’42. Aujourd’hui traileuse courte distance, l’unique fille du Team Scott Odlo Led Lenser aura eu l’agréable surprise de retrouver ses sensations d’antan lorsqu’elle brillait de mille feux dans cette discipline oh combien singulière et exigeante qu’est la course de montagne.
A vrai dire, on n’avait plus revu Céline au Nid d’Aigle depuis le millésime 2009 où pour sa cinquième participation (1) elle avait alors porté sa marque référence à 2h14’42, enlevant pour la première fois cette compétition. En somme, un chrono assez voisin de celui d’aujourd’hui en tenant compte, répétons-le, des dimensions plus importantes de cet opus 2014. Son retour est donc extrêmement prometteur.
… et la néophyte
Installée près de Thonon-les-Bains à compter de 2012 en provenance de sa Haute-Garonne natale, Célia Chiron (Coureurs du Monde en Isère), 26 ans ce 1er août, n’en finit plus de surprendre. Avec l’abnégation et le culot qui lui siéent bien, elle revêtait ainsi le costume d’opposante numéro 1 à Lafaye nonobstant son inexpérience notoire en course de montagne.
Décidément, après avoir accouché de Mathis le 24 avril dernier, la dulcinée d’Adrien Michaud, triathlète à la base, n’aura pas perdu de temps pour revenir sur le devant de la scène qu’elle occupait déjà en 2013, ses sept succès (2) en faisant foi. Coup sur coup, elle venait ainsi d’aligner la Verticale du Môle, la Crève-Cœur et l’étape inaugurale du Manigod Scott Km Vertical Challenge. A n’en pas douter, la liste risque fort bien de s’allonger, avec en corollaire son irruption au sein d’un team. Prochaines échéances pour cette Occitane jamais rassasiée : le 22km du Quechua Tour des Fiz (27 juillet), les Crêtes de Megève (3 août) puis Sierre-Zinal (11 août). Bref, un programme de Titan !
A l’instar de la Grimpée du Môle, concourue le 13 juillet dernier, elle prenait une nouvelle fois le dessus, précisément d’1’29, sur l’Anglaise Anna Lupton (Team Inov-8), en vacances dans le secteur, qui se contentera du 3ème rang. Ayant vu le jour en 1978 et originaire de la pittoresque région montagneuse du Lake District, celle-ci n’était pourtant pas la première venue, échouant le 24 août 2013 au pied de la boite du 46km du Matterhorn Ultracks, 4ème manche du prestigieux Skyrunner World Series, catégorie SkyMarathon.
Du coup, le sujet de Sa Gracieuse Majesté écartait du podium, et pour 1’25, la prometteuse Adélaïde Panthéon (Clermont Athlétisme Auvergne), 2ème avec Célia jusqu’au 15ème km avant de lâcher prise, victime d’hypoglycémie et de fatigue. Lucide, la compagne de Sylvain Court, originaire de la station thermale de La Bourboule dans le Puy-de-Dôme, ne cachait pas être encore un peu frêle sur des formats de course excédant les deux heures. Mais étant donné son âge (elle fêtera ses 23 ans le 10 septembre prochain), elle a largement le temps encore de remédier à cette carence.
Les Alpes du Nord sous l’emprise des Sud-Alpins
Accourue en force, l’escouade du Gap Hautes-Alpes Athlétisme aura fait un tabac, assumant désormais le rôle de leader par équipe du Challenge National de courses en montagne dont la Montée du Nid d’Aigle servait de support à la 7ème étape sur les 13 qu’il renferme. En dehors de Stéphane Ricard (4ème), elle le doit à ses pépites que sont Saïd Mansouri (7ème), Patrick Orezzoli (11ème), Hervé Giraud-Sauveur (13ème), enfin Sébastien Isnard (40ème).
En perdition au Marathon du Mont-Blanc, victime de crampes et d’hypothermie (116ème au final), Stéphane Ricard, 30 ans, retrouve donc d’incontestables couleurs. Pointant à seulement 1’11 de Court, son partenaire de team, il ne fait que témoigner de ses qualités hors norme en course de montagne qui, retombée immédiate, le voit s’emparer de la seconde place du Challenge National derrière Julien Rancon. Les sensations, il les a surtout eus sur les deux ultimes bornes en revenant spectaculairement sur les échappés. Priorité dorénavant à la récupération en attendant la 6000D où il espère, ce 26 juillet, défendre son titre, partagé avec l’Alsacien Sébastien Spehler, même s’il n’est pas certain encore de la disputer.
Pour terminer, on remarquera que les deux records de cette épopée, détenus depuis 2005 par Dupont en 1h47’59 et depuis 2006 par Isabelle Guillot en 2h06’06, n’ont nullement tremblé.
François Vanlaton – ©photos Georges Ongaro et Stéphane Sclavo
(1) Céline Lafaye aura pris le départ de la Montée du Nid d’Aigle à six reprises, ses prestations, qui se passent de commentaires (!), étant les suivantes : - 18 juillet 2004 : 3ème (1ère senior, 26ème au scratch) en 2h18’21, à 8’28 de la lauréate Isabelle Guillot. - 17 juillet 2005 : 3ème (1ère senior, 43ème au scratch) en 2h21’59, à 10’14 de la lauréate Isabelle Guillot. - 16 juillet 2006 : 3ème (1ère senior, 28ème au scratch) en 2h17’34, à 11’18 de la lauréate Isabelle Guillot. - 20 juillet 2008 : 2ème (1ère senior, 33ème au scratch) en 2h16’53, à 50’’ de la lauréate Isabelle Guillot. - 19 juillet 2009 : 1ère (1ère senior, 25ème au scratch) en 2h14’42, record personnel. - 20 juillet 2014 : 1ère (1ère senior, 35ème au scratch) en 2h18’47 sur un tracé accru de 800m, ajoutant une dénivelée ascendante de 134m et descendante de 50m.
(2) 2013 verra Célia Chiron faire tomber dans son escarcelle les sept compétitions suivantes : - La Tartencelloise (9,2km), devançant de 7’’ Nathalie Peillex. - L’Allingeoise (18,2km), devançant d’1’50 Anne-Lise Chamiot-Poncet. - Le Trail de Faverges (29km), devançant de 34’’ Chamiot-Poncet. - La 1ère manche du Manigod Scott Km Vertical Challenge, devançant de 21’’ Julia Combe. - La 3ème manche du Manigod Scott Km Vertical Challenge, devançant de 46’’ Catherine Juillaguet. - Le Trail des Hauts Forts (21km), devançant de 31’35 Agnès Bardy. - L’Ecotrail de Sommand (20km), devançant de 8’01 Alice Verney.
juillet, 2024
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